Silhouettes
Les Silhouettes sont apparues sans prévenir.
Parce que je questionnais l’acte d’écrire par écran interposé, dans les manques et facilités qu’il impose. Les décalages entre l’œil et la main, la propreté sans faille, la lisibilité immédiate et lisse, soulignaient la différence avec l’écriture au corps, plus charnelle, rugueuse, fluctuante. C’était une gageure que j’ai voulu relever.
Pour le lecteur, c’est une invitation à retrouver son propre rythme, ses silences de lecture. S’il veut bien jouer le jeu, il doit entrer dans l’image et chercher son chemin, construire son rapport au texte, au fil des tracés, et accepter la frustration de ne pas avoir tout tout de suite. Pour que filtre en lui, peut-être, lentement, l’écoulement des mots qui le relient au monde, aux autres et à soi-même.
Après, seulement, il peut lire le texte dans une version verticale plus traditionnelle. Et sa lecture première, plus intime, plus lente, en sera l’ombre protectrice.
12 de ces Silhouettes ont été transposées en sérigraphies sur papier d’art et ont fait l’objet de deux expositions. (voir rubrique « Rencontres »)
Les Silhouettes sont réunies dans un recueil intitulé Lire, Lier.