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"Le corps épuisé"

(Par-avant 8, Encres délibérées)

Le sein d’un corps meurtri pointe

Le téton têtu dans le ciel

En bas, tout est déjà déchiqueté sale

Que ferait la nuit à ressasser tout ça ?

       Certains mouvements sont évidents. Le corps glisse, même sans bras, sans tête, aussi plat qu’un mot écrit, et on ne le comprend déjà plus. On entend son glissement rêche, sur la page de glace, un feulement lent, dans une éclaboussure d’océan. On est absorbé par ses couleurs bousculées et sa densité, mais on s’agace à ne pas trouver la faille, le mot qui pourrait l’ouvrir, qui pourrait le délivrer. On entend un corps, seul, qui glisse, dont les côtes éraflées transpercent la peau, comme effondré à l’angle d’un mur qu’on ne verra jamais en son entier, ni dans son début et sa fin. L’image saisit par son indifférence à faire sens, son hors champ qu’on devine dément, un carnage de tempête. Et cet échappement nous tétanise. Parce que c’est ça, parfois, vouloir écrire sans pouvoir le faire.

 

          Un corps sans bras, sans tête, épuisé, qui glisse à terre dans une lenteur effroyable

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