"Blessure vive"
(Par-avant 25, Encres délibérées)
Rester dans les plis du cou, à l’endroit le plus tendre où tout se précipite – dernier baiser ou banderilles noires. Il faut du courage à aimer, dit-il, de l’oubli de soi et de la confiance.
Sur la feuille, tout appelle les sens. Les plis forment des lignes fraîches, il voudrait les décrypter à la main mais la douleur effraie. Tout est à vif, trop tôt. Tout est à vif, trop tard. Les mots sont harponnés, s’agitent de mille faux, ils courent sous l’encre qui s’obstine à les protéger d’une gangue épaisse. Ils sont comprimés et crèvent la peau. Et il n’y comprend rien. Au creux du puits c’est de l’intime qui se déverse, qui tache de honte ce qui reste de chair.
Les sillons brûlent à vif, dans un endroit aveugle au soleil. Ce n’est pas une goutte magique c’est un flux ininterrompu qu’il ne sait retenir, qui fascine et pue l’illisible. De quels corps broyés tout ce sang jailli ? Comment comprendre que certains courants, au fond du puits, sont de cette énergie violente qu’il faut laisser couler ?
Les savoir là, mêlés au reste, dans les grands fonds qui illuminent les maigres filons.
Il ne peut s’empêcher de gratter la croûte avant qu’elle ne tombe d’elle-même.
Et tout se remet à saigner, continûment, au fond du puits.
