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"Sous la peau, tout près"

(Par-avant 21, Encres délibérées)

       On ne sait pas finalement, s’ils s’échappent ou sont forcés à partir.

    Ils prennent forme, plus ou moins vite, avec plus ou moins d’épaisseur, de fibres agglutinées. La page noire d’où ils sortent n’est pas vraiment tangible, effilochée, mal encollée, si noire que rien ne pourrait, à l’œil nu, s’y lire. C’est peut-être de cette opacité qu’ils cherchent à s’affranchir, eux qui sont matière noire de la tête au pied, mais rayonnent d’une lumière intime qui les expulse au grand jour.

     L’air bientôt les fera hurler. La peau de cellulose est rougie par le feu. De longues lanières sont déchirées à dessein, à même l’obscure paroi, dans la cavité profonde, et de ces lambeaux délicats et fragiles s’extraient des silhouettes arrachées là. Sur le mur de la chambre claire, se découpent alors très nettement la silhouette d’un homme en justaucorps à basques, les balbutiements d’un pourpoint, le corps effilé d’une danseuse. L’aisselle saigne encore un peu.

       Ce sont corps meurtris qui s’extirpent du néant.

       On suit la courbe vertigineuse sans savoir qui de l’endroit, qui de l’envers. Opacité transparente. L’œil hésite.

       Ils s’échappent ou s’enfoncent à perte ?

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