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Pièce 1

Eclisses

Fixer l’encre.

Se laisser aimanter par son amer caché. Le liquide offre une palpitation d’or qui captive.

Et l’œil accroche un détail, agrandit une tache, un petit lac encore brillant pas encore asséché, qui rétrécit par éclats – sous lui, le noir profond, sans vie, comme un bitume de plomb, fini.

Il dessine des anses régulières, des yeux sans paupières qui nous feraient tomber dans le puits, si on osait venir trop près de la faille. C’est comme regarder le creux délicat du coquillage : on s’absorbe dans sa nacre profonde sans pouvoir descendre plus avant. Le labyrinthe sombre et vivant, au fond, nous effraie trop.

Mais on le fait.
On se rapproche sans bruit, glisse dans ce scintillement doux qui s’ouvre à soi. On entre dans ce paysage saturé qui impressionne la pupille, tend des vertiges aux creux des boucles et des morsures dont les géométries délicates hypnotisent en silence.

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